Vo 1: Si le marché de Gbéké m’était conté

0
1060

S’il est un marché qui a fait la fierté des natifs de Vogan, c’est bien le marché de Gbéké. Aujourd’hui, Gbéké s’est modernisé à l’image de ses hangars nouveaux. Hier ou naguère, on y parvenait par de mauvais chemins qui longeaient champs de maïs, taudis aux toitures abimées par les intempéries, marigots et flaques d’eau de pluies rétives. Les hangars de fortunes récalcitrants qui continuent de côtoyer la modernité s’annonçaient de loin à l’entrée de la vieille ville-campagne du peuple ouatchi.

Ce marché situé dans la commune du Vo 1 (55 km de Lomé, la capitale du Togo) , ce dit-on, est le troisième du Togo par son importance économique et la densité des foules qu’il a drainées dans un passé encore très récent. Les nostalgiques de Gbéké racontent à qui veut les entendre ce qui a été les appas de ce centre commercial sans pareil. Le troc y figurait en bonne place avec des produits agricoles et d’élevage très diversifiés. Le rayonnement de Gbéké et sa réputation avaient franchi bien de contrées situées loin des localités avoisinantes. Toutes les bourses, toutes les escarcelles pouvaient se sustentés des mets savoureux servis par les valeureuses dames venues du pays ouatchi voisin ou lointain. Les Dahoméens n’étaient pas du reste et se signalaient par la vente des produits artisanaux façonnés au martyre de leurs doigts.

Les férus de la viande de porc venus principalement d’Anfoin, une localité située à quelques encablures, peuvent témoigner. « Ici, on mangeait à satiété avec une pièce de 25 francs » raconte Kankoévi.

Hélas, hélas ! Ce temps est –il révolu ? Le temps où la senteur exotique de l’huile de palme versée au ‘’vèyi’’ (haricot cuit) faisait saliver le badaud ou le promeneur égaré ? Le temps où l’on pouvait parcourir des kilomètres à pied pour se régaler gratuitement des galettes de manioc, de maïs ou de patate douce ?

Ce temps encore où des spectacles de chants et de danses aux rythmes endiablés servis par des vendeurs ambulants sous un soleil de plomb donnaient une ambiance des jours de fête au marché de Vogan.

Gbéké, dis-moi ! as-tu perdu de ta saveur ancestrale ? Dis-moi où as-tu enfoui ta verdeur d’antan ? J’ai hâte de te voir renaitre de tes cendres.

 

Mawuko Ehon

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici